Vers un Web de données liées

Voici la suite de l’article « vers un Web de données » qui abordait l’histoire du Web, les principes architecturaux du Web et les grands principes du web de données : URL, URI, IRI.

 

De la page à la ressource :

Ce qui n’a pas changé au cours de ces évolutions, c’est le R, c’est à dire la notion de ressource. Cette notion de ressource est large sur le Web et ne se limite pas aux pages, images ou vidéos que l’on peut avoir sur le Web. Ainsi, on nommera « ressource » tout élément que l’on peut identifier à travers un URI : URI à ma voiture, URI à un lieu, URI à un bâtiment. Nous pouvons donc identifier n’importe quoi avec ce système et décrire toutes ces choses qui sont autour de nous et les échanger dans autant de langages que l’on veut.

Source : MOOC Web Sémantique

 

Les URI sont donc utilisées pour nommer des choses très variées.

Exemples :

  • URI pour le grand requin blanc (site BBC)
  • URI pour la protéine MUC18 (base de données UniProt)
  • URI du Musée du Louvre sur le site DBpedia
  • URI du réalisateur Xavier Dolan sur Wikidata

Nous avons donc moyen d’échanger les données mais la question se posera maintenant de les publier et de les lier. Rentre alors en jeu la ratatouille, où plutôt la datatouille !

Je m’explique : Une bonne ratatouille a pour principe de faire cuire un par un les légumes. Cuisinés un à un, on les mélange par la suite pour faire notre ratatouille. Ainsi, un des intérêts est que ce n’est pas uniquement un plat en lui-même mais un plat qui peut être utilisé comme ingrédient pour faire d’autres plats.

Source : MOOC Web sémantique

Si on revient alors à nos moutons, c’est la même chose pour le web de données liées. Il suffira pour cela de remplacer les différents ingrédients par des bases de données et choisir les données que l’on voudra publier et qui seront réutilisées par d’autres : données géographiques IGN, données statistiques INSEE…

 

Source : MOOC Web sémantique

 

Ainsi, par exemple les données qui décrivent le canapé sur lequel je suis assis par exemple pointeront vers les données de la salle dans laquelle se trouve ce canapé. Les données du canapé seront liées aux données de la salle. Vous la voyez la datatouille ?

Si on entre plus précisément dans le vif du sujet en utilisant les protocoles voici ce qu’il en est :

« Imaginons qu’un utilisateur lambda sur le Web rencontre un URI. Il fait une première vérification : est-ce qu’il s’agit d’un URI HTTP, c’est à dire un URI qui peut être interrogé sur le Web ? Si c’est le cas, il va utiliser le protocole HTTP pour faire un GET sur cet URI, une requête en disant « Qu’est-ce que c’est? » La réponse du serveur va varier. Si c’est un utilisateur qui est devant un navigateur, le serveur va lui renvoyer une page Web lui décrivant le sujet de cette URI. Si c’est un logiciel, téléphone mobile, GPS, le serveur va pouvoir lui renvoyer pour la même requête sur le même identifiant non pas une page Web mais des données XML que le logiciel pourra intégrer à sa base et utiliser pour proposer de nouvelles fonctionnalités » (MOOC Web Sémantique).

Comment choisir des URI pour nommer des choses dont on veut parler sur le Web ?

Il n’y a pas de réponse unique. Voir à ce sujet les deux ressources ci-dessous du W3C mais en théorie, on peut transformer tout identifiant en URI en choisissant un nom de domaine et un schéma d’URI.

A lire : 

Linked Data : Evolving the Web into a Global Data Space (1st edition) / Tom Heath et Christian Bizer (2011). Disponible gratuitement en HTML sur les principes des données liées

A voir :

Site du Linking Open Data cloud Diagram qui donne une vue globale du nuage de bases de données liées sur le Web.

Source : MOOC Web sémantique

 

http://lod-cloud.net/

La pile de standardisation : 

Les standards vont nous permettre de publier, d’interroger, tracer les différentes données sur le Web. La pile ci-dessous se lit de bas en haut, des URI jusqu’aux utilisateurs.

Source : MOOC Web sémantique

 

Source : MOOC Web sémantique

 

IDENTIFICATION : Identifiants URI et URI.

REPRESENTATION : représentation des données que nous échangeons sur le Web. Le standard utilisé est RDF, Resource Description Framework.

REQUÊTES : Une fois les données publiées, nous les interrogerons. Ainsi, pour écrire ces requêtes, les échanger et avoir des résultats on utilisera le langage SPARQL qui permet de sélectionner des sous-parties de données publiées sur le Web, qui  nous intéressent selon les critères que l’on veut donner.

RAISONNEMENT : Publication des schémas de ces données : 2 langages sont utilisés : RDFS pour échanger des schémas très légers et OWL pour nous permettre plus de formalisation en logique.

CONFIANCE :  Traçage des données, vérification des sources et si oui ou non on peut leur faire confiance. Le langage PROV suit les données, leur provenance et les traitements qu’elles ont subis.

INTERACTION : Avec l’utilisateur final. Proposition de nouveaux services, interactions aux utilisateurs lorsqu’ils utilisent le Web et naviguent quotidiennement.

Voilà, ce billet s’achève sur les standards utilisés dans le Web. Le MOOC aborde par la suite la deuxième brique de cette pile avec le modèle RDF, la première étant les URI que nous avons vu dans ce billet et introduit dans mon premier billet à ce sujet.

Le web de données

Récemment s’est terminé le MOOC sur le Web sémantique et de données, conduit par l’INRIA. Sept semaines denses et riches en connaissances.

La première semaine était consacrée au « web de données liées ». Comme pour toute introduction sur un sujet donné, il est bien de revenir au passé pour comprendre le présent. Nous avons donc eu un retour sur l’histoire du web :

  • Vannevar Bush (1890-1974) : son article « As we may think »  décrit quelque chose qui ressemble beaucoup au World Wide Web d’aujourd’hui. Il imagine le memex (memory extension) pour lire et consulter des documents et faire des liens d’association entre eux. cf la version en français de son article.
Memex, Life Magazine, 10 septembre 1945

 

  • Ted Nelson : Utilisera le memex et proposera une structure de fichiers qui permettra de découper les fichiers en morceaux, de les relier entre eux afin de pouvoir naviguer entre les morceaux. On parlera d’hypertexte et d’hypermedia.
Complex information processing: a file structure for the complex, the changing and the indeterminate, T. H. Nelson, ACM, 1965

 

  • Tim Berners-Lee : Permettra à ce qu’on n’utilise plus l’hypertexte sur une seule machine. On distribue les documents sur le réseau de façon à ce qu’un document puisse pointer vers un autre document. On parlera de Web.  cf le rapport de Tim Berners-Lee à ce sujet.
Information Management: A Proposal. Tim Berners-Lee, CERN, March 1989, May 1990

 

Ensuite, petit retour sur les 3 principes architecturaux du Web. Le premier principe, celui de l’identification ou de la localisation avec ce que l’on appelle les adresses Web ou URL.

Le second principe, celui du protocole, c’est-à-dire la façon dont les machines vont parler sur le Web, la façon dont le navigateur interrogera le serveur à distance et recevoir une représentation de la page qu’il a demandée. Ce protocole s’appelle HTTP.

Enfin, le dernier principe est le langage de représentation et notamment le langage de représentation des pages du Web. On l’appelle HTML (Hypertext Markup Langage).

Mis ensemble, chacun de ces composants va interagir avec l’autre. Le protocole HTTP utilise l’HTML pour faire transiter sur le Web des représentations de pages entre le serveur et ne navigateur. Les URL sont utilisées dans le HTML dans les représentations des pages pour tisser les liens entre les pages et indiquer que dans une page, un lien pointe vers une autre page. Ces mêmes URL qui sont utilisées par HTTP pour identifier et s’adresser à distance au serveur afin de récupérer la page dont il a besoin.

Focus ensuite sur le processus de standardisation au W3C, nécessaire pour harmoniser les évolutions du Web et qui suit des étapes bien définies.

Enfin, cette première semaine s’est terminée sur les grands principes du web de données :

  • nommer les ressources avec des URI (Uniform Resource Identifier) ;
  • utiliser des URI http (ou URI déréférençables) de façon à ce qu’on puisse utiliser ces URI pour accéder à des informations sur les ressources ;
  • lorsqu’on déréférence une URI, renvoyer des informations utiles grâce à RDF et SPARQL ;
  • se relier avec d’autres URI pour créer un réseau de liens.

En définissant ainsi la notion de ressource Web en passant des URL aux URI, nous avons vu comment l’on pouvait maintenant identifier tout type d’information sur le Web.

Nous avons pu alors poser les principes de la publication de données liées sur le Web et introduire la pile des standards du Web sémantique

En savoir plus :

Quelques ressources fondatrices du web de données :

  • DBpedia, base issue de la conversion en RDF des données de l’encyclopédie collaborative Wikipedia ;
  • Geonames, l’une des principales bases de noms de lieux avec les informations associées ;
  • MusicBrainz, base d’informations en RDF sur les œuvres et les artistes musicaux.

Du Web des documents au Web sémantique

Fonctionnement et enjeux du Web des données et du Web sémantique

 

Ouvrage pédagogique sur le Web de données :

Voici un bon ouvrage pédagogique sur le fonctionnement et les enjeux du Web des données et du Web sémantique. Indispensable si vous souhaitez acquérir plus de connaissances sur le Web des données. Ce livre m’a beaucoup aidée récemment pour le MOOC sur le Web sémantique créé par l’INRIA.

Web sémantique

L’ouvrage a pour objectif de présenter les modèles, langages et techniques proposés par le Web des données et le Web sémantique. Après un rappel historique sur le Web des documents, il aborde de manière détaillée et approfondie le concept des métadonnées.

« Si nous sommes capables d’utiliser le Web pour effectuer des requêtes simples, c’est à nous qu’il revient cependant de manipuler les données, de les combiner et de les interpréter pour qu’elles se transforment en informations pertinentes. Le Web des documents reste donc principalement réservé à l’humain, la machine n’étant pas en mesure de le remplacer efficacement. Nous sommes cependant à la naissance du Web 3.0 qui porte le Web des documents vers le Web sémantique et permet aux machines d’analyser le Web pour répondre à des questions plus complexes posées par l’homme. ».

Du Web des documents au Web sémantique, Nicolas Delestre, Nicolas Malandain (Janvier 2017).